Cette série met en scène la vie de la famille Crawley et de leurs domestiques à Downton Abbey, une demeure anglaise à partir des années 1910.
Les héritiers de Downton Abbey ayant péri lors du naufrage du Titanic, la famille Crawley se retrouve dans une situation délicate : le domaine est soumis à l’entail, c'est-à-dire qu'il doit intégralement passer à un héritier mâle, le titre de Comte de Grantham, le domaine et la fortune de la famille étant indissociables. Les trois filles ne peuvent prétendre ni au titre ni à l'héritage. Matthew Crawley, un lointain cousin, est le nouvel héritier. Il arrive à Downton Abbey où il découvre un style de vie nouveau pour lui, avec des règles très strictes qui régissent la vie entre aristocrates et serviteurs.
Si la première saison plante décors et protagonistes, la seconde montre comment la Première Guerre mondiale va faire basculer les destins des personnages, maîtres et domestiques et les saisons au nombre de six vont multiplier les rebondissements.
ownton Abbey, somptueuse propriété du comte de Grantham, chacun connaît sa place. L'épouse du comte, ses filles, les valets, les femmes de chambre, tout le monde tient son rang avec fierté et œuvre au bon fonctionnement de la vaste demeure. Ce bel ordre, qui semble immuable, va être secoué par la disparition, lors du naufrage du Titanic, de l'héritier de la fortune du comte et l'arrivée dans le domaine d'un nouveau successeur, Matthew Crowley, lointain cousin issu de la bourgeoisie. Pendant que Mary, la fille aînée du comte, hésite à l'épouser pour le seul confort de sa famille, la comtesse douairière, aristocrate revêche, s'emploie à démontrer que le contrat de succession est obsolète…
Face à ce bouleversement inattendu, les héros de cette chronique de l'Angleterre aristocratique du début du XXe siècle font preuve d'un flegme presque imperturbable. A Downton Abbey, la pelouse est toujours impeccable, le petit personnel en effervescence et les repas succulents. Le comte est juste, et ses employés tiennent autant que lui aux bonnes manières.
Une vision idéalisée de l'aristocratie qu'admet volontiers le créateur de la série,Julian Fellowes, oscarisé en 2002 pour le scénario de Gosford Park, de Robert Altman. « Vivre cette époque assis devant sa télé est bien plus plaisant que d'en supporter la réalité. Vous n'avez pas à vous lever à 5 heures du matin pour récurer le four, ni même à changer cinq fois de robe chaque jour », s'amuse-t-il.
Si les qualités narratives, la richesse des personnages et la très belle mise en scène de la série, distinguée par six Emmy Awards, n'ont jamais été mises en cause, la fascination nostalgique que dégage Downton Abbey, notamment son regard bienveillant sur l'ordre social de l'époque, a beaucoup fait jaser en Grande-Bretagne.
« A cette époque, les plus riches donnaient du travail aux plus pauvres, et chacun savait qui contrôle quoi, explique Fellowes, 62 ans, baron et pair du parti conservateur à la Chambre des lords. En ces temps de crise économique, il y a quelque chose de rassurant à se replonger dans une ère qui était si sûre d'elle, de ses règles et de son ordre. » Certains en ont déduit que le succès de la série outre-Manche tenait à ce réconfortant retour aux valeurs de la vieille Angleterre.
Les choses sont loin d'être aussi simples. Il y a certes dans Downton Abbey une peinture avantageuse d'un monde où régnaient en fait les inégalités sociales et sexuelles, mais Julian Fellowes s'intéresse dès les premiers instants de son histoire à l'évolution de cet univers, à son entrée dans la modernité. « Souvenez-vous que c'est à cette époque que les femmes ont commencé à se battre pour leurs droits, que les syndicats se sont organisés, que la productivité a explosé, bref que le monde moderne a pris son envol », rappelle-t-il.
Symbole de cette époque charnière, Sybil, la benjamine du comte, qui porte le pantalon, s'échappe pour assister à des meetings en faveur du vote des femmes et sympathise avec son chauffeur, un jeune militant communiste. Dans les cuisines de Downton Abbey, où certains domestiques rêvent d'intégrer l'armée ou de devenir secrétaire, les mentalités changent aussi. Seule la comtesse douairière (formidableMaggie Smith) semble s'accrocher à ses acquis, mais ses sorties grotesques sur l'incongruité du week-end ou des chaises pivotantes en font un personnage comique, difficile à prendre au sérieux.
Grâce aux aspirations de ces personnages, « traités équitablement, avec des bons et des méchants dans la famille comme chez les domestiques », souligne Fellowes,Downton Abbey dépasse le simple fantasme conservateur. Elle livre un portrait certes nostalgique mais plus complexe qu'il n'y paraît d'une époque où un certain ordre social régnait, ordre qui sera bientôt emporté par la Première Guerre mondiale, au cœur de la saison 2 de la série.