Le consentement » de Vanessa SPRINGORA

J’ai été impressionnée par la présence digne de cette femme qui finit par se libérer de l'emprise de son prédateur en l'enfermant dans un livre pour toujours et en se réappropriant son histoire. C’est une revanche d’une victime. Ce récit n'aurait pu être qu'un simple témoignage mais c'est avant tout une œuvre littéraire à part entière. On sent à quel point ce récit est le résultat d’années de travail sur soi, de combat et d'introspection. La construction est parfaite en six chapitres afin de décortiquer le processus d'emprise qu'a exercé sur elle l'écrivain pédophile Gabriel Matzneff. Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup apprécié le courage, la lucidité de cette auteure et l’éclairage qu’elle donne. Vanessa Springora décrit le cheminement complexe de la jeune fille qu'elle a été : sans nier qu'elle a été amoureuse de G.Matzneff, qu'elle a été flattée par son attention, qu'elle l'a désiré. Le consentement, c'est aussi La mère, qui consent, fascinée par l'aura de l'écrivain et prononce ces paroles terribles lorsque sa fille lui annonce qu'elle quitte G.M. : « le pauvre, il t'adore ». Le père qui laisse faire. Les professeurs qui ferment les yeux devant ce quinquagénaire venant chercher une collégienne. Les médecins. Les médias. Les policiers. L'intelligence parisienne …. Je vous conseille cette lecture, ce livre est un phare. Merci, Madame Springora.