« Enfant de salaud » , ces trois mots sont ceux que le grand- père du narrateur a prononcé devant lui quand il avait dix ans...
Son père aurait porté un uniforme allemand pendant l' occupation...?25 ans plus tard, l' enfant devenu adulte et journaliste, veut savoir.
Qui peut dire ce qu' il aurait fait entre 1940 et 1944 ? L' auteur ne juge pas son père sur ses choix mais au- delà de la trahison de son pays, cet homme, c' est son fils qu' il a trahi et 40 ans plus tard ce fils aurait tant voulu libérer son père de ses mensonges !
La force de ce roman est qu' il se déroule pendant le procès de Klaus Barbie à Lyon en 1987, procès que Sorj Chalandon a suivi pour le journal Libération.
Son père n' a cessé de changer de camp, passant des forces pétainistes à des troupes supplétives allemandes puis au maquis et a même cherché à se joindre à l' armée américaine.... difficile de s' y retrouver....Cette confrontation du fils qui cherche la vérité et attend des mots de son père est mise en parallèle avec le procès public qui doit déterminer les responsabilités du chef de la Gestapo Klaus Barbie.
Cette histoire est poignante tant le fils tient à tendre une dernière fois la main à son père, elle est aussi poignante par la délicatesse avec laquelle Sorj Chalendon parle des enfants d' Izieu et des autres victimes.
J' ai eu la chance de rencontrer Sorj Chalendon à Douai, cet écrivain captive son auditoire par son parler vrai et sa générosité. Ici son écriture m' a touchée par le ton juste et authentique.
Un roman bouleversant entre intimité et grande histoire.
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